VILLES, ENERGIE & NATURE

Quand je regarde une ville du point de vue de l’énergie, je l’imagine comme si c’était une grande maison : les avenues et les rues deviennent alors des couloirs.

Petite rue & boulevard

Leur énergie dépend de leurs tracés et de leur tailles : un large boulevard rectiligne, par exemple, développera une énergie rapide alors qu’une ruelle sinueuse génèrera une énergie lente.

Immeubles

Ce qui est intéressant également c’est de considérer la polarité des bâtiments (qui sont un peu comme les meubles dans une maison) : ceux qui sont anciens, fermés ou horizontaux apportent une énergie lente tandis que ceux qui sont modernes, ouverts ou verticaux provoquent un énergie rapide.
Lorsque je découvre une ville, j’aime repérer ces aspects qui me donnent des indications sur l’énergie de l’endroit où je me trouve.

Ecusson & Antigone à Montpellier

A Montpellier où j’habite, le centre de la ville a une polarité relativement équilibrée dans la mesure où l’énergie lente (yin) de l’Ecusson (centre historique) est compensée par l’énergie rapide (yang) du nouveau quartier Antigone.

Mer & montagne

Ce qui concourt également à équilibrer la ville, c’est la proximité des Cévennes (avec la présence du Pic Saint-Loup) et de la mer Méditerranée.

En ce qui concerne Paris, que je connais bien car j’y ai vécu également, un aspect porteur d’énergie est bien sûr la présence de la Seine. Il y a bien sûr d’autres éléments qui jouent en faveur de cet équilibre : par exemple, le fait que la ville est entourée de collines et que les arrondissements se déploient en forme de spirale dans le sens des aiguilles d’une montre.

La Seine & le Pont Neuf

Si on prend le cas de Barcelone, où j’ai séjourné récemment, ce qui fait sa richesse énergétique, je trouve, c’est la grande diversité des ambiances de ses quartiers (Ramblas, El Born, Gracia, Eixample), comme quoi la biodiversité concerne aussi les lieux où vivent les êtres humains ; à cela s’ajoute aussi la proximité de la mer ainsi que la présence de la nature (beaucoup de beaux parcs). Tout cela concourt, comme j’ai pu le constater, à rendre cette ville vivante et animée.

Les Ramblas

Quand je découvre une ville, j’aime identifier les qualités qui sont reliées à son énergie. Dans le cas de Paris, on peut dire que c’est une ville qui exprime le rayonnement. A Montpellier, il m’apparait que c’est lié à l’aspect relationnel, dans le sens de l’amour et de la tolérance. En ce qui concerne Barcelone, c’est davantage en lien, à mon avis, avec l’affirmation d’une certaine identité qu’on retrouve notamment dans les réalisations architecturales : Art Nouveau, Art Déco…

Le rond-point de l’Etoile

Mais évidemment, les villes ont aussi leurs défauts. Pour ce qui est de Montpellier, il y a, je trouve, une difficulté à passer en douceur d’une énergie rapide à une énergie lente ; cela se voit notamment à travers les grandes avenues rectilignes qui conduisent au centre-ville et qui sont stoppées brutalement pour se transformer sans transition en rues étroites, ce qui rend la circulation évidemment difficile.
A Barcelone, le revers de la médaille, c’est que l’énergie y est souvent trop rapide ; cela bouge tellement partout que parfois cela en devient fatigant.
A Paris, c’est plutôt le contraire : il y a une lourdeur pernicieuse et cachée ; on peut la sentir sur la ligne qui va de la Défense au Louvre. L’immense parvis de la Grande Arche recèle, je trouve, une atmosphère pesante ; cela se remarque notamment avec le fait que les gens n’y restent pas pour se rencontrer ou flâner mais qu’ils ne font que le traverser.

Rue Foch

A noter que la discrète pyramide noire placée non loin de la Grande Arche n’y est sans doute pas étrangère.

L’esplanade de la Défense

Pyramide de la Défense

Cette énergie lourde se ressent également aux abords de réalisations plus récentes comme la Cité de la Mode et du Design ou la Philharmonique dont les différents niveaux semblent littéralement s’affaisser. Ah, l’architecture déconstructiviste !

Cité de la Mode et du Design

Je ne veux pas terminer ce bref aperçu sans évoquer la disparition de la nature en ville ; c’est un sujet qui me préoccupe beaucoup quand je vois que les surfaces minéralisées (pierre, béton, macadam) ne cessent d’augmenter et que la nature est réduite de plus en plus à des surfaces « végétalisées » ! Même si je sais que pour trouver une nature sauvage, il faut sortir des villes, j’avoue ne pas comprendre qu’on puisse encore et toujours urbaniser comme si « tout allait bien », c’est-à-dire sans se préoccuper de l’avenir de notre planète.

Un exemple, à Montpellier : la place de la Comédie a été vidée de ce qui la structurait et est devenue une grande surface entièrement dallée et lisse; il n’y a rien – hormis les terrasses de cafés et de restaurants – qui pourrait encourager les gens à y flâner et à s’y rencontrer; cela a comme effet que, petit à petit, comme à la Défense, on ne fait plus que la traverser !

La place de la Comédie à Montpellier aujourd’hui

La place de la Comédie à Montpellier dans les années ’70

Or il faut dire qu’il y a quelques années d’ici, il existait notamment des ilots de verdure avec des bancs qui avaient le mérite de structurer l’espace : cela favorisait les rencontres.
Quand l’espace urbain sera-t-il être mis au service de ses habitants, dans un état d’esprit de respect vis-à-vis de la nature ?

Si vous avez des questions ou des commentaires, n’hésitez pas à me les transmettre via contact@architecture-feng-shui.com
Merci d’avance et à bientôt pour d’autres investigations,
Luc Antoine